mardi 9 février 2016

008 - Le lac Titicaca, lac sacré des incas

Une forte pluie n'a cessé de s'abattre toute la nuit. Notre sortie sur le lac Titicaca s'annonce mal, pourtant, au petit matin, comme par miracle, les nuages s'effacent pour laisser place à un ciel lumineux. Il était prévu que notre bus nous dépose à l'embarcadère, mais les préparatifs du défilé de clôture de la fête de la vierge de la Candelaria, bloquent la rue, et c'est à pied que nous accomplissons les derniers mètres jusqu'à notre bateau.








Nous sommes une quarantaine à y prendre place, Français, Argentins, Chiliens, Péruviens, Anglais, et Australiens Après quelques hésitations, le moteur de notre embarcation se décident enfin à démarrer et nous quittons le port sous un soleil estival.



Les eaux du lac sont grises et troubles. Il faut dire qu'à cet endroit la profondeur n'est que deux trois mètres, et les dépôts s'accumulent.

Au bout d'une heure de navigation, nous accostons aux îles Uros. Ces îles flottantes sont totalement artificielles, créées par l'homme. Selon la légende, l'ethnie Uros aurait constitué ces îles pour échapper à l'impôt réclamé par les incas. Elles sont composées d'une accumulation de roseaux entassés les uns sur les autres, que l'on renouvelle tous les quinze jours. La couche de roseaux inférieure, immergée dans l'eau, finit par pourrir. On la remplace par une couche supérieure, et ainsi de suite. Marcher sur ses îles procure une étrange sensation. Tout d'abord, bien évidemment, le sol bouge, et ensuite, les pieds s'enfoncent de quelques centimètres à chaque pas. Les Uros se sont depuis bien temps habitués à cette vie sur ces îles flottantes, et vivent là, avec toutes les structures administratives.


Une impression dérangeante flotte sur ces îles, lorsque l'on prend conscience du nombre de touristes qui affluent là,  en procession, encadrer par des guides, pour regarder vivre ces hommes et femmes. On a parfois le sentiment de se retrouver dans une sorte de Disney Land. La seule consolation est de se dire que la venue des touristes permet à ces hommes et femmes de recevoir un peu d'argent en plus de leurs maigres ressources. Nous quittons ces premières îles sans regret, et nous nous dirigeons, sous un soleil de feu, vers l’île d'Amantani. Il nous faudra trois heures de navigation pour enfin atteindre les côtes de cette petite île perdue au milieu du lac Titicaca. C'est dire la grandeur du lac, dont nous n'apercevons même pas les berges environnantes en accostant sur l'île. Dès le départ à Puno, nous savions parfaitement qu'il nous faudrait plus de trois heures de bateau pour rejoindre l'île. Ce que nous ne savions pas, c'est qu'il nous faudrait arpenter un chemin escarpé, parfois à l'extrême, sur plus de quatre kilomètres, sac au dos, sous un soleil de plomb, avant d'atteindre notre logis du soir. Non, cela nous ne nous y attendions pas du tout. La montée sera difficile, longue et parfois décourageante, surtout pour ceux souffrant du mal de l'altitude. Le lac est situé à trois mille huit cent mètres d'altitude. Heureusement, le sourire et l'accueil des insulaires, la beauté du paysage environnant, nous ont encouragé.





Autant dire que la randonnée prévue dès l'arrivée dans les maisons, a été très vite oubliée.
Nous sommes reçus par un gentil couple, tous deux natifs de l'île. Ils possèdent une maison avec trois chambres, décorées avec soins, qu'ils louent par l'intermédiaire d'agences de voyages. Ils n'ont pas l'eau courante, et figurent parmi les rares, sur l'île, disposant de l'électricité grâce à une installation solaire.

Sept heures pile, il est l'heure de dîner. Pas de viande au menu, ils n'en mangent que pour les grandes occasions, quatre à cinq fois l'an. Nous aurons donc, une délicieuse soupe de légumes, suivie d'un plat, composé d'une galette de fromage frit, accompagnée de riz, de pommes de terre vapeur et tomates. L'infusion de «Mounia», une plante ramassée sur l'île, connue pour faciliter la digestion, sera notre boisson du soir. Nous ne nous attardons pas à table car ce soir, il y a fête, en costumes traditionnels tant pour les habitants de l'île que pour nous.
Les hommes seront vêtus d'un lourd et épais poncho, surmonté du fameux bonnet avec pompons, et rabat sur les oreilles. Les femmes passeront le corsage blanc, agrémenté de fleurs brodées de couleur rouge, et deux jupes évasées, portées l'une sur l'autre. Un grand châle noir sur les épaules, et un bonnet complètent la tenue. C'est ainsi habillés que nous nous présentons à la fête, non sans avoir au préalable, éclaté de rire, en nous voyant ainsi accoutrés.

Quelques bières, et quelques danses plus tard, nous reprenons la chemin de la maison dans le noir complet, seulement éclairés par le rayon de lumière de nos frontales.

Le lendemain matin, nous prenons notre petit déjeuner sous un véritable déluge. Heureusement, la pluie cesse dès que nous reprenons le chemin de la descente vers notre bateau qui danse mollement sur les vagues d'un lac Titicaca encore endormi. Nous saluons nos hôtes d'un soir, les laissant à leur dure vie d'insulaires, cependant bien éloignée des tourments de notre monde moderne. Sur leur île, il n'y a ni voiture, ni tracteur, pas de télévision, encore moins d'internet, ou si peu. La nature décide de tout. A voir vivre ainsi les habitants de l'île d'Amantani, et tout en imaginant les difficultés d'un telle vie, on se dit que la liste de leurs soucis doit être bien plus courte que la nôtre.
Nous quittons donc cette petite île, pour nous en aller en découvrir une autre, juste en face à une heure de bateau: l'île de «Taquile».
A peine embarqués, notre ami le soleil nous rejoint pour cette traversée, et ne nous quittera pas de la journée. Cette île, bien que plus peuplée que la précédente, est de taille plus petite. Nous accostons à l'un des quatre embarcadères, et devons nous attaquer à un chemin encore plus abrupt que celui d'hier, pour parvenir à la petite place centrale du village, qui offre une vue imprenable sur le lac.




La vie sur l'île est semblable à celle sur  l'île de'Amantani, basée sur trois valeurs essentielles : Aimer, apprendre et travailler. Sur notre route, nous croisons des bergères sans âge, voûtées sur leur bobine de fil, poussant de la voix, un troupeau d'une quinzaine de brebis. Les enfants nous saluent en riant, des petites vendeuses ambulantes nous vantent leur travail, et au bout d'une heure de marche, nous parvenons à un petit restaurant jetant sa belle terrasse au dessus des eaux bleues du lac Titicaca.



Le lac n'est pas connu pour cette couleur d'eau. Littéralement, en langue Queshua, «Titikaka» signifie félin à la couleur grise : titi pour félin, kaka pour gris : le lac du félin gris.
De ce magnifique point de vue, nous dégustons la délicieuse truite traditionnelle de couleur saumonée : un vrai régal dans un endroit magique. Après le repos, nous retrouvons notre bateau et son capitaine, impatients de rentrer au port, d'autant plus que l'horizon s'obscurcit, et annonce le retour de la pluie. Nous éviterons de justesse les gouttes, avant de retrouver notre chambre d'hôtel.
En fin de journée, nous oserons quelques pas dans les rues de la ville, au son des bandas, encore présentes pour les clôtures de la fête religieuse.







Demain, nous partons pour Cusco.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire