dimanche 7 février 2016

007 - El condor pasa !

Notre journée commence très tôt, car il nous faut partir pour le canyon de Colca, pour admirer les condors. Une pluie violente s'est abattue sur la région toute la nuit. Pourtant, à notre réveil, le ciel bleu nous attend. Avant le départ, nous nous retrouvons tous sur la petite place du village, pour dire au revoir à nos hôtes. Sourires, embrassades, dernières photos, et notre petit bus s'enfonce dans les ruelles étroites.
Nous venons de vivre une très belle expérience en compagnie de ces «campesinos», pleine de sincérité et de bienveillance les uns envers les autres. La vie de ces paysans, rythmée par la nature et le travail, est basée sur la solidarité. L'intérêt de la communauté passe avant celui de chacun, et l’entraide est primordiale. C'est dimanche de Carnaval, nombreuses réjouissances sont prévues. Nous croisons des vaches décorées de pompons colorés. Ballons et petits drapeaux sont accrochés aux fenêtres et aux façades. Déjà, la petite ville de Coporaque s'éloigne dans le rétroviseur de l'autocar, et nous prenons la route du canyon. Nous devons y être assez tôt, car les condors n'attendent pas, surtout en cette saison où ils se font rares. Oui, mais voilà, c'est notre jour de chance, les condors sont bien présents et paraissent même nous attendre sur leurs pics rocheux.
 



A peine descendus du bus, nous les apercevons à l’à pic de la croix du condor ; ils sont une demi-douzaine, perchés sur de fins rochers, en équilibre. Ils nous suffit de patienter quelques minutes, et les voilà qui déploient leurs ailes majestueuses, et s'envolent sous le vent. Le spectacle est magique. Ces oiseaux sont les plus lourds pouvant voler, et leur envergure peut atteindre près de 3,80 mètres. Le condor tient une place importante dans les coutumes péruviennes. Ainsi dans la religion andine, il y a le paradis, mais pas l'enfer. Il y a trois mondes : Le monde du ciel (le paradis), représenté par le condor, le monde de la terre, représenté par le puma, et le monde souterrain (la mort), représenté par le serpent. Les croyances andines disent qu'il y a une vie après la mort, qu'il s'agit d'un passage. C'est pour cette raison que les ancêtres enterraient leurs morts, le corps replié en position de fœtus, avec toujours des victuailles, et des vêtements pour les aider à franchir le passage. Nous profitons du spectacle des grands condors, avec émerveillement pendant une bonne heure, en nous considérant très chanceux de cette rencontre.
Sur le chemin du retour nous apprécions, les à pics vertigineux du canyon, et visitons «le village qui s'enfonce». Le petit village de Yanque avait été détruit lors d'un tremblement de terre du à une irruption volcanique.
Depuis, la terre n'a pas retrouvé sa stabilité et le village s'enfonce de trois centimètres par an. Une fois passé le village, nous allons revenir sur nos pas pour retrouver la route «transpacifique», qui doit nous mener jusqu'au lac titicaca. Nous repassons donc le col à 4.900m, et retrouvons nos amis vigognes et lamas, totalement indifférents à notre deuxième passage sur leur terre. 


A partir de là, une longue route de cinq heures nous attend. Au cours de ce trajet, nous allons subir les aléas de la météo andine. Un soleil chaud nous accompagne au tout début, pour laisser place à une fine pluie, submerger peu après par un véritable déluge accompagné d'éclairs. A l'entrée de la ville de Juliaca, c'est la neige qui nous surprend. Les rues centrales de la ville sont inondées, l'horizon est anthracite et grésille d'éclairs. Notre descente sur Puno, notre destination du soir, se fait dans la grisaille et le crachin. Puno est l'un des ports du lac Titicaca. Aux premiers abords, c'est une ville sans véritables attraits, si ce n'est le fait de se trouver sur les rives du lac. Un centre historique avec sa belle cathédrale, la place des armes, et les rues commerçantes très animées. Autour, des maisons de briques rouges grignotent la montagne et des ruelles terreuses glissent vers le lac.
Car le voilà donc, qui nous apparaît, ce fameux lac, dont le nom a rendu hilares des générations entières de lycéens en cours d'histoire géographie : Le lac Titicaca. Notre première vision est loin d'être enchanteresse. Ses eaux grises se confondent avec la noirceur d'un ciel lézardé par les éclairs.
Demain, nous glisserons sur lui, en espérant un soleil amical. Pour ce soir, c'est sous la pluie que nous irons à la découverte de Puno. Une frénésie s'est emparée de la ville depuis plusieurs jours ; on y fête et vénère «la Virgen de la candelaria». Aux orchestres, harmonies, bandas, venus de tous le pays, se joignent danseurs et danseuses en tenues d'apparats.

C'est un flot interminable d'hommes et de femmes qui célèbrent la madone, en procession. 
Pétard, feux d'artifices résonnent et illuminent le ciel chargé de nuages de la ville. 
Des images religieuses sont promenées dans les rues, suivies d'une foule recueillie et à la fois joyeuse et festive. La fatigue et le froid nous empêchent de prendre part à la fête. 

Demain, nous partons sur le lac, visiter ses îles, et passerons une nuit avec les insulaires. En attendant, il nous faut prendre du repos pour bien préparer cette nouvelle journée.

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