jeudi 4 février 2016

005 - Arequipa, la ville blanche

Dix heures de trajet pour atteindre enfin, vers deux heures du matin, la ville d'Arequipa, surnommée «la ville blanche» en raison de la couleur blanche des pierres utilisées pour bâtir maisons et édifices. Étonnamment ces pierres sont volcaniques. Nous apprendrons plus tard que ce nom  provient également de la forte présence espagnole lors de l'occupation. Il y avait alors plus de blancs à Arequipa, que de péruviens, d'où le nom de "ville blanche".  A la sortie du bus, il est une heure trente du matin, la petite gare routière est déserte. La fraîcheur est surprenante. Nous avons quitté Nasca au début de l'après-midi. Depuis notre départ de Lima, nous suivons une route monotone, d'un côté, l'océan pacifique et ses dunes de sable, de l'autre côté, un désert lunaire.


Pas un arbre, ni la moindre touffe de végétation. De temps à autre, un petit village animé et poussiéreux fait office d'oasis. Ce paysage désertique étonne.
Le Pérou se partage le désert d'Atacama avec le Chili, et par exemple, sur la région de Nasca, il pleut quinze minutes par an seulement. Heureusement, la nappe phréatique n'est pas loin, à environ dix mètres en sous-sol, et ainsi les habitants de la région peuvent récupérer l'eau descendant des Andes. Cependant, l'eau devient un sujet de véritable inquiétude. Le phénomène météorologique "El nino" empêche la pluie de venir, et la région est touchée par une sécheresse terrible.
Après une courte nuit, nous nous réveillons dans notre charmant petit hôtel, au pied des trois volcans «Misti», «chachalli», et pichu picchu», qui culminent à près de six mille mètres d'altitude. Leurs neiges autrefois éternelles, semblent perdues pour l'éternité, emportées par le réchauffement climatique. Ce matin, un soleil lumineux et une chaleur déjà forte nous accueillent sur la petite place pavée qui s'ouvre devant notre hôtel. Nous empruntons une petite ruelle qui doit nous amener sur la place des armes, cœur central de la ville. En chemin, notre regard est attiré par une petite pancarte en carton «Panaderia Francesa» (boulangerie française), avec sur un présentoir, des croissants, pains au chocolat, et pains aux raisins.
Nous ne ratons pas l'occasion de retrouver les saveurs du pays, autour d'un petit café. Jusqu'ici, nous n'avons eu que du Nescafé, alors que nous pensions bien déguster le bon café péruvien. La charmante serveuse française nous explique que le projet de la boulangerie est l’œuvre de l'association «Rayo de sol», qui s'occupe des enfants entre 5 et 12 ans, afin de leur éviter la rue et le désœuvrement. Les bénévoles sont de jeunes voyageurs qui peuvent être logés gratuitement, avec en contre partie une présence tous les matins à la boulangerie, et dans les quartiers de la ville en tant que vendeurs ambulants de viennoiseries françaises. L'idée semble bien faire son chemin car les clients sont nombreux, et paraissent apprécier les croissants frais. Nous quittons ces jeunes courageux et entreprenants et poursuivons notre promenade, pour arriver à la magnifique "plaza de armas".

Devant nous une place en carré aux dimensions étonnantes, entourées d'arcades supportant les façades de riches demeures. La cathédrale est monumentale, et domine la place où tous les chemins convergent vers une belle fontaine centrale. Autour, les marchands ambulants se pressent, vendeurs de beignets, de glaces au fromage, enfants jouant à la toupie, écrivains publics avec leur machines à écrire sous le bras, tout un petit monde s'active, et donne à la place une joyeuse animation.
 

Nous traversons la place dans tous les sens et suivons le serpentin des petites ruelles, jusqu'au marché couvert, où règne une intense activité. Le secteur des fruits est un régal pour les yeux, outre les mangues, les mandarines à la peau verte, les succulentes bananes naines, les raisins aux énormes grains, les pastèques allongées, d'autres fruits inconnus se disputent les étals à l'équilibre parfait.

Sur le chemin du retour, nous croisons une cérémonie à la vierge sur le perron d'une petite église. Des dames et des messieurs endimanchés, se pressent autour de la statue d'une madone, arrosée de confettis et de serpentins par des enfants hilares. Un orchestre avec accordéon et guitare accompagne la petite foule.

Après un court repos bien mérité, nous ressortons en ville, une fois la nuit tombée, afin de visiter le "monastère Santa Catalina". C'est une véritable ville dans la ville, avec ses propres ruelles. Les murs sont colorés de peinture ocre presque rouge ou bleue. Ici, vécurent plus de cent cinquante religieux, totalement retirés. La découverte nocturne du site est agréable, rythmée par les feux allumés à la tombée du jour, dans chacune des cuisines. 














A la sortie de la visite, la vie nocturne a définitivement pris sa place.


 



Nous nous installons dans un petit bar "El mono blanco", au deuxième étage d'une maison qui surplombe la ville, pour y partager une carafe de "pisco sour". 
Nous retournons à notre hôtel, avec dans la tête le trajet de demain qui nous fera pénétrer les hauteurs andines, rencontrer les alpagas et les vigognes à plus de 4.800 mètres. Mais ceci est un autre jour, et un autre histoire. 

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